Consommer, you know…

Plusieurs sont indignés des commentaires du p’tit gérant de la boutique Adidas de la rue Sainte-Catherine à Montréal. Beaucoup chez lez personnalités publiques, chez les politiciens.

Pour rappel, on inaugurait avec proudness le nouveau shop flambant du géant de vêtements de sport Adidas. Et puis, le manager, Alexandre Des Roches, a concédé qu’il dirait quelques mots en français, pour accommoder la Ville de Montréal et les médias francophones. Puis, and you know, il a continué en anglais.

Wonderfull.

La chose était si scandaleuse que même Philippe Couillard s’est mis à défendre le français, ce qui n’est pas rien! Lui qui pourtant calcule chaque mot pour éviter de nourrir le sentiment d’appartenance au Québec et qui veut éviter à tout prix de donner raison à un adversaire. Lui qui croit que dans les usines, les gens doivent parler anglais, au cas…

Patrick Lagacé, dans la Presse, a écrit que cet évènement témoignait d’une réalité bien actuelle. On n’est plus, visiblement, en 1987, ou à ces époques où les gens descendaient en masse dans la rue pour défendre le français. Fallait pas nous écoeurer sur la place du français, sinon… ça bardait.

Ça a beaucoup changé, you know?

On peut blâmer le jeune gérant inconscient, on peut blâmer un gouvernement qui vient de se faire dire qu’il ne francise pas assez les immigrants. Oui. C’est sûr que ce n’est pas suffisant.

Dire qu’on est fier, fier de parler français en baissant les yeux et en le chuchotant, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour faire vibrer la corde sensible de l’appartenance.

« J’m’excuse, j’parle français » est notre nouvelle devise.

Suivie de : « I don’t remember. »

Anyway, ces luttes du passé sont couronnées de succès. Alors, pourquoi se battre encore puisque notre français est désormais safe?

Bref, on peut blâmer bien des choses, mais cet évènement est, en fait, un puissant reflet de la société de consommation qui est la nôtre. Consommer, ça se fait surtout en anglais, you know?

Et l’obsession, ce qu’on entend tous les jours, tout le temps, c’est qu’il faut sans cesse de la croissance, toujours plus. Il faut faire prospérer la business, il faut faire plus de cash que l’Ontario, sinon on perdra notre St-Hubert.

Alors, on dilue les cours d’histoire, on coupe dans la Fête nationale, on sous-finance la francisation, on coupe dans l’éducation, ce qui fait qu’au bout de 3, 10, 25, puis 40 ans, on se retrouve avec des gens qui rêvent de s’acheter des chaussures de sport à 300 $.

La langue commune, maintenant, c’est le commerce.

That’s it.

Et ne vous en faites pas. Personne n’est allé lancer des roches à Alexandre. Non, non. Il a bien eu un appel au boycott de la fameuse boutique de la Sainte-Cath, mais c’était plein. Tout le weekend. Les gens ont fait la file pendant des heures.

Noël s’en vient, ça tombe bien! Je pense que je vais commencer à acheter des antiquités à mes fils. « On appelle ça un dictionnaire de la langue française, c’est fou hein? Oui, oui, il y a plein de mots, you know, en française dedans. »

Mais, faut pas déprimer autant. Gardons espoir! Un jour, y va y avoir une super vente, super chill, de romans québécois parce que ce sera devenu vintage, trendy et que ça vaudra super cher un roman de Tremblay, Ducharme ou Laferrière.

Pas pour lire, mais au moins pour décorer la bibli, you know?

Finalement, la langue, la culture, l’environnement, la pauvreté, tout ce qui fait de l’humain un humain tend à se faire tasser dans un coin, tranquillement, pour faire la place au rendement. Et le rendement, ça donne la richesse. Et la richesse, on le sait, ça percole vers les pauvres…

Vous pourriez me dire : « mais, à quoi bon prospérer si c’est pour disparaître dans l’indifférence? »

N’exagérez pas.

Anyway, il est temps pour moi d’aller me remonter le moral au magasin. Ils viennent juste de recevoir le iPhone 48.

Yéé!


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s