L’imposture néolibérale : se dire les vraies affaires

Et si on se disait les vraies affaires?

C’est un peu (beaucoup) ce que fait Jean-Claude St-Onge avec son ouvrage L’imposture néolibérale : marché, liberté et justice sociale.

Vous voulez parler de capitalisme, de néolibéralisme? D’accord. Mais alors, il vous faudra avoir le courage d’affronter les faits, la vérité, dure, que nous transmet l’histoire. Il vous faudra avoir le courage de regarder l’ensemble du tableau, et pas seulement les petites fleurs qu’on aperçoit, au coin. St-Onge vous force à prendre le recul nécessaire pour vous rendre compte, finalement, que ces petites fleurs que vous admiriez tant poussent en fait sur un immense tas de fumier.

C’est ça, le prix de la lucidité de St-Onge.

Ainsi, il détricote patiemment les idées reçues, les dogmes fortement ancrés dans la religion néolibérale. Il défait en morceau le miroir aux alouettes dont se servent ceux qui aiment les plumer.

Vous estimez que la liberté est le principe le plus important qui donne au capitalisme toute sa beauté et sa puissance? Cessez alors de regarder le doigt du sage qui vous pointe la lune : l’histoire vous dit en fait que les terres ont été arrachées aux paysans, libres jusqu’alors, pour les transformer, de force, en salariés, au service des intérêts des puissants. La même histoire vous enseigne que les grands capitalistes ont plutôt obtenu du pouvoir (d’abord des rois, puis des élus) en imposant des lois qui contraignent les sociétés à tout mettre en œuvre pour qu’ils puissent accumuler la richesse, sans limites et sans risque d’interrompre leur coït.

Le capitalisme n’égale pas liberté. Il égale contraintes.

Le néolibéralisme célèbre cela. Il en veut encore plus. La liberté n’est rien, la justice sociale est une fumisterie, seule la propriété est importante. Elle prime sur tout. Vraiment tout. Surtout sur la liberté. D’où l’imposture que l’auteur dénonce dans le titre de l’ouvrage.

Par contre, St-Onge fait de la philo. Il n’est pas là pour dicter les solutions, proposer les avenues. Il incarne ici, en somme, ce que Marx a écrit à propos des philosophes (dont il était) qui ne font qu’interpréter le monde, encourageant l’humanité par la suite à le transformer. Il appartiendra au lecteur de passer à l’action, si la démonstration du philosophe St-Onge l’en aura convaincu.

Ce livre n’est donc pas un mode d’emploi. Ce n’est pas non plus une minutieuse construction vous menant logiquement du point A au point B, dans l’espoir de vous voir réaliser le plan C. On sent la déception, la colère parfois, et surtout l’envie de parler, de dénoncer, quitte à tirer dans toutes les directions. Il y a tant à dire sur le capitalisme. Marx a mis toute une vie et trois imposants volumes (et encore davantage) pour mettre le capital à nu. St-Onge s’est offert 250 pages.

Il reste que cet ouvrage pourrait s’avérer fort utile aux nouveaux étudiants en économie, qui baignent depuis leur naissance dans le consumérisme totalitaire qui leur martèle sans interruption l’idée que le capitalisme est infiniment bon.

Évidemment, pour certains, l’exercice sera douloureux. Mais, c’est comme se faire arracher la dent qui fait souffrir. Sur le coup, c’est pénible. Mais après, le discours est plus clair.

Et vous comprenez, du coup, pourquoi la fleur que vous admiriez tant avait toutefois un parfum aussi insupportable…

 

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