L’ALÉNA, pour le meilleur et pour le pire

L’ALÉNA.

Bien sûr qu’on connait.

L’Accord de libre-échange nord-américain entré en vigueur en 1994 qui fait en sorte de créer une zone où les affaires sont un peu plus aisées entre les trois membres : États-Unis, Canada et Mexique.

Oui, ça c’est l’objectif général. Celui qu’on voit tout de suite, comme le nez au milieu du visage de Cyrano.

On flairait, à l’époque, la bonne affaire avec cette idée de se créer, par chez nous, notre propre espace économique, un tant soit peu comparable au concurrent européen. La chose allait de soi, d’autant que les économies canadienne et américaine étaient déjà passablement liées, même à l’époque. Évidemment, le Québec (et le Canada) est certes plus dépendant de son voisin américain que l’inverse. Oui, dit comme ça, c’est… un peu court. On pourrait dire bien des choses, en somme.

Pour en donner davantage, disons que les exportations québécoises à l’étranger, c’est plus du quart du PIB du Québec qui en dépend (109 milliards $) et que son plus gros client, THE client, c’est l’Oncle Sam qui prend presque le trois quarts des exportations pour lui tout seul.

Un peu comme lorsque Obélix s’occupe des parts du gâteau, il y a une sorte de tendance qui se dessine…

Mais, l’ALÉNA, c’est du solide? Comme un roc? Peut-il se draper de succès ou faut-il sur-le-champ que nous nous l’amputassions?

Même si vous rêviez comme Trump d’y mettre la hache, il faut savoir qu’au-delà du discours démagogique facile qui plait à la base électorale de la mandarine américaine qui lui sert de président, les faits sont encore plus têtus qu’un Floridien républicain tirant à la carabine dans l’oeil de l’ouragan Irma dans l’espoir de lui faire mal.

Et ces faits nous disent, en gros: money talks. Oubliez la hache. Cherchez votre calumet. Fournissez de la tisane. Ça vous sera plus utile. Trop d’entreprises américaines (aux lobbys fort puissants), trop d’États américains dépendent du commerce avec leurs voisins. Trop de sénateurs et de représentants ne pourront jamais se présenter devant leur électorat avec comme plan celui de détruire l’ALÉNA.

Impossible.

Et même si, entre deux séances de golf, Trump en venait à tirer la plogue… il faut savoir qu’en réalité, il resterait néanmoins l’ALÉ (Accord de libre-échange de 1988) signé entre le Canada et les États-Unis. Et même si Trump, après une balade en peignoir histoire de digérer son baril de PFK, mettait le feu à l’ALÉ, au retour, il apprendrait que les règles de l’OMC de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT en anglais) datant de 1948 existeraient toujours.

En résumé : au-delà des fantasmes de Trump (insérer ici un gros malaise), les tarifs entre les États resteraient assez bas pour inciter la poursuite du commerce. Et puis, l’économie nord-américaine est tellement intégrée qu’on peut facilement imaginer que les échanges se poursuivraient, quoi qu’on fasse, quoi qu’on scrappe.

Restent les négociations en cours.

Puisqu’on comprend que les représentants des pays en présence n’ont d’autre choix que de s’entendre, il faut garder le cap (le pic, la péninsule…) sur ce qui mérite bonification : le sort des travailleurs et les normes environnementales. Il faut aussi pouvoir tenir compte des réalités et défis actuels (comme le commerce électronique, etc.).

Si on peut, au passage, mettre au rencart les volets déplorables de l’ALÉNA, comme celui qui permet aux entreprises de poursuivre les États (qui respectent pourtant leur législation) si elles estiment perdre des profits, on aura fait des gains significatifs.

On peut rêver. Trump dort éveillé, alors pourquoi pas?

C’est donc un défi pour les négociateurs qui ne disposent pas d’années, mais de mois seulement devant eux pour conclure quelque chose de potable. L’eau risque donc d’être un outil assez utile pour le vin de leurs attentes respectives. L’échec est possible, mais les échanges commerciaux sont, quant à eux, là pour rester.

On saura plus tard que tôt ce qu’il en est vraiment. Mais, peut-être verrez-vous de la sottise dans l’obstination de Trump qui se bat, qui se bat contre l’ALÉNA, sachant désormais que, malgré lui, il y a quelque chose que la realpolitik emporte avec elle et c’est le peu qu’il restait…

…de son panache.

 

Des références :

 


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