Le temps des Fêtes approche à grands pas. C’est le temps de consommer et de surconsommer. Ne vous en faites pas: c’est bon pour l’économie, c’est bon pour les actionnaires des centres commerciaux et pour les usines de Chine.
L’humain semble ainsi fait. Il se lance tête première dans la consommation, parce que c’est plaisant, parce que ça comble des besoins… mais, globalement, n’y a-t-il pas une surenchère à ce propos?
On veut bien paraître, ne pas passer pour un plouc, un pauvre. On veut faire partie de ceux qui réussissent. Après tout, la consommation, la croissance, c’est à ça qu’on mesure le vrai succès d’une société. Le voisin gonflable, la société gonflable… le rêve de toute civilisation, en somme.
Eh bin, non.
Parce que, pendant qu’on joue les paons de la consommation, à grands coûts en caisse, la planète, elle, encaisse les coups.
Dans son livre,« Comment les riches détruisent la planète », le journaliste et écrivain Hervé Kempf dit les choses sans détour et se donne une perspective pour comprendre et nous faire comprendre la portée de nos gestes, fussent-ils isolés.
Car, une fois cumulés, les effets ne sont pas isolés, eux.
Retenons d’abord ceci: le réchauffement climatique n’a pas besoin d’être extrême pour provoquer des catastrophes. Il ne suffit que de deux petits degrés.
C’est tout.
Deux degrés pour que les océans et la végétation ne puissent plus pomper le gaz carbonique qui, par conséquent, resterait dans l’atmosphère, accélérant du coup l’effet de serre.
Avec ça, les régions arctiques et antarctique se réchauffent, entrainant la fonte des glaces, puis la hausse du niveau de la mer, menant à la disparition de villes et villages côtiers et même davantage.
La fonte des glaces, c’est aussi des changements dans la biodiversité, la disparition de l’habitat de nombreuses espèces qui, alors, se voient condamnées à l’extinction, quand ce n’est pas en raison de la pollution des cours d’eaux qui causes des problèmes de reproduction.
Pas joli du tout.
La pollution augmente parce que la société est dans la course à la consommation, pour soutenir « l’indispensable » croissance.
Je vais peut-être mourir, mais mon yacht est plus gros que le tien.
Question de priorités.
L’économiste Thorstein Veblen a magnifiquement illustré la tendance humaine à rivaliser, à se comparer à autrui pour le rabaisser. « Si l’on met à part l’instinct de conservation, précise-t-il, c’est sans doute dans la tendance à l’émulation qu’il faut voir le plus puissant, le plus constamment actif, le plus infatigable des moteurs de la vie économique proprement dite. »
La possession de la richesse est le moyen d’exhiber les signes d’un statut supérieur. Répondre à un besoin matériel est secondaire dans l’équation.
Veblen nous dit même mieux: les besoins ne sont pas infinis. Et au-delà d’un certain niveau, c’est le jeu social qui les stimule. Il croit également que la production est suffisante. Elle atteint aisément les fins utiles. Le surcroit de production est là pour satisfaire l’ostentatoire désir de se distinguer d’autrui.
Ça nous conduit au gaspillage généralisé.
Non, la croissance n’est pas la solution et cause une crise écologique évidente. Mais, que voulez-vous, c’est la classe dominante qui définit le mode de vie de son époque. Une infime partie de la société se défonce dans la consommation, alors que la vaste majorité de l’humanité vit de presque rien. L’inégalité est décuplé par la société qui a perdu la boule.
Mais, posons-nous sérieusement la question: est-ce que nos économies doivent absolument se développer?
Peut-être pas, après tout.
Peut-être qu’on en fait assez, mais qu’il faut faire différemment avec ce qu’on a.
Faut-il vraiment devenir milliardaire?
Pensez-y. Un milliard de dollars, c’est 2 millions 740 000 $ par JOUR C’est 114 000 $ de l’heure, même la nuit! C’est 1902 $ chaque minute, c’est 31 $ toutes les secondes.
Oui, c’est fou. Oui, c’est trop.
Le temps de lire cette dernière phrase, vous auriez fait 93 $.
Vous seriez riche, oui. Et vous pourriez alors dicter la marche à ceux qui sont au pouvoir, à contre-sens complètement des intérêts généraux de la société.
Nul besoin de vous inquiéter d’être pris en défaut, le capitalisme étant le seul survivant, n’ayant plus de communisme dans les pattes, il a le champ libre.
Vient alors ce constat lourd et terrible : « Le capitalisme n’a plus besoin de la démocratie. »
Et le temps de lire tout ce qui précède, vous auriez fait 7608 beaux dollars…