Le profit avant l’homme

Le néolibéralisme n’est pas qu’un concept vaporeux ni une créature qu’on cache sous les lits pour faire peur aux enfants. C’est un courant économico-politique bien réel, qui dicte la marche de bien des décisions politiques, qui prend par la main de nombreux politiciens sur la planète.

Dans le livre de Noam Chomsky « Le profit avant l’homme », on présente le néolibéralisme comme étant un paradigme qui « définit les politiques et les processus grâce auxquels une poignée d’intérêts privées acquièrent le droit de contrôler tout ce qui est possible dans la vie sociale afin de maximiser leurs profits personnels. »

Le néolibéralisme est à la mode, il s’impose à droite, mais aussi souvent à gauche. C’est une sorte de rouleau compresseur dont on se demande qui pourra un jour retirer les clés du contact. Sa force vient de ceux qui en tirent avantage: l’argent donne des moyens, les moyens permettent de détenir et contrôler les médias de masse, de mettre sur pied une puissante industrie de relations publiques qui contribue, avec les médias, à fabriquer le consentement, d’influencer les votes des parlements…

Avec le néolibéralisme, en somme, c’est la démocratie qui fout le camp.

Pourtant… pourtant, il parvient à réaliser un prodigieux paradoxe: on le vend comme une parfaite illustration de la liberté, comme l’expression même de la démocratie.

Un vrai tour de magie.

Une politique de liberté des marchés « encourage l’entreprise privée, permet aux consommateurs de choisir librement, récompense la responsabilité individuelle et l’esprit d’entreprise, tout en sapant l’action de gouvernements incompétents, parasitaires et bureaucratiques, qui ne pourront jamais bien faire même s’ils ont de bonnes intentions, ce qui est rarement le cas. »

On est dans les habituelles « lignes de com », dans le discours classique, le sermon sacré des prêtres de cette religion capable de faire passer un carré pour un rond.

Ces zélotes vous regarderont dans les yeux, convaincus, en vous disant qu’ils rendent service aux pauvres en favorisant les très riches, en imposant l’austérité et en détruisant les programmes sociaux.

L’État c’est mal, le profit c’est bon, c’est l’essence même de la démocratie. Alors, un gouvernement qui nuit aux intérêts du marché est donc… antidémocratique.

En revanche, l’État c’est bien pour imposer ses vues aux autres. Ainsi, quand c’est le temps de déloger un gouvernement démocratiquement élu, mais de gauche, comme au Chili d’Allende en 1973, on aime bien la violence des militaires qui usurpent le pouvoir. On pourra ainsi soutenir des interventions militaires, des gouvernements corrompus, incompétents, mais dociles, car ce qui compte vraiment, c’est de contenir la population indocile. On ne prend aucun risque: les intérêts de grandes corporations sont en jeu.

Pour les contenir, on tiendra constamment le discours de l’insécurité, de la crise. On fait la guerre froide, la guerre chaude, la guerre à la drogue, la guerre aux terroristes, la guerre des étoiles, la guerre des tuques… tous les prétextes sont bons. Bien sûr, pour le complexe militaro-industriel, tout cela est très payant. D’ailleurs, la CIA a donné un coup de main pour renverser le gouvernement au Guatemala, au Congo, en République dominicaine, au Vietnam, au Brésil, au Chili, en Iran…

En somme, « la démocratie est permise aussi longtemps que le contrôle exercé par le grand capital échappe aux délibérations et aux changements voulus par le peuple, c’est à dire aussi longtemps qu’elle n’est pas la démocratie. Le système néolibéral a donc un sous-produit important et nécessaire: des citoyens dépolitisés, marqués par l’apathie et le cynisme. »

Alors, la démocratie néolibérale produit non pas des citoyens, mais des consommateurs; non pas des communautés, mais des centres commerciaux. La démocratie se résume au droit de choisir entre des marchandises. C’est la philosophie de la futilité, une vie sans objectif.

C’est la passion des marchés libres, partout.

Ironiquement, les États-Unis, pourtant premier représentants du capitalisme ouvert, libre, versent eux-mêmes beaucoup dans le protectionnisme : ils subventionnent nombre d’industries, de secteurs économiques, l’agriculture, les télécommunications, etc.

Autrement dit, le libre marché n’existe pas. Parce que s’il existait vraiment, ce sont ceux qui vendent le moins cher qui gagneraient. Et ça… c’est pas par ici. C’est davantage dans ces coins du monde où les salaires sont ridicules, où les droits de l’homme sont accessoires, où l’environnement ou la santé des gens sont secondaires.

Le vrai libre marché, ce serait manger de son prochain jusqu’à ce qu’on soit le seul survivant. Mais, les États-Unis ne veulent pas que ça arrive. Alors, il faut vendre un libre marché… contrôlé à l’extrême.

Comme le disait notre Elvis national : « Ils l’ont tu l’affaire les z’amaricains? »

Pas tant que ça…

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